Depuis Deng Xiaoping, chacun des dirigeant chinois, Jiang, Hu, affirme que les forces armées chinoises sont incapables de gagner une guerre moderne! Si l’on compare avec les forces armées européennes ou surtout américaines, c’est vrai. Quelques amis chinois m’ont donc dressé un petit plan de réflexions de manière à mettre à jour mes vues sur les “problèmes régionaux” en Asie du Nord-Est, je vous les livre traduits “brut de fonderie”.
Devant ce qu’ils perçoivent comme des offensives en mesure de nuire à leur développement économique, les Chinois ont cherché à développer leurs systèmes de défenses contre ce qu’ils considèrent comme “des menaces américaines immédiates”: donc, contre les drones, contre les avions furtifs, les missiles de croisière et les hélicoptères d’attaques, contre la marine etc, dont la fonctionnalité n’est plus à démontrer depuis les conflits ou zones d’instabilité (Irak, Afghanistan, Corée du nord, Moyen-Orient, Afrique du Nord). En mer aussi le pouvoir d’intimidation des forces américaines a contraint la Chine à mieux concevoir son implication stratégique dans “sa mondialisation”.
Ce qui donc a changé depuis les années 90 c’est la certitude qu’ont les stratèges chinois de devoir défendre plus encore leur territoire, leur Chine nationale, y compris les îlots taïwanais et les autres, bref tout ce qui semblera compatible avec les ambitions historiques chinoises, sur les océans et mers du sud. Pour cela, la Chine et ses portes-voix y vont “fortissimo” en mettant en avant les intérêts stratégiques nationaux dans les espaces maritimes, aériens, spatiaux et sans omettre le cyberworld, à la fois au plan national comme à l’étranger…
Les écrits théoriques vont bien au-delà des idées simplistes d’interdiction d’accès de certaines zones maritimes. Les tâches sécuritaires immédiates sont clairement définies: la protection des eaux territoriales (redéfinir les cartes marines, les litiges territoriaux avec le Japon et d’autres pays asiatiques), l’interdiction d’accès de l’espace aérien chinois, la défense des zones dites stratégiques, y compris outre-mer. Mais leur mot-clé est défense pas offense. Nuance ou foutage de gueule?
Voila en quelques mots ce qui apparaît aujourd’hui être une (la) vision stratégique chinoise. Un concept autrement plus vaste et pas nécessairement vindicatif comme celui mis en avant en permanence par les stratèges japonais ou américains et l’Otan selon lesquels la menace chinoise est offensive.
Je la vois défensive ni plus ni moins. La Chine a des ambitions, celles de se prémunir contre les atteintes aux droits fondamentaux de son territoire, de sa culture, de son sens de l’histoire. La Chine a des ambitions dignes du XXIe siècle. Mais sont-elles calquées sur un modèle occidental?
Dire que la Chine est une puissance pacifiste et non interventionniste à l’image du fétiche national, le Panda, serait une grave erreur d’analyse, car si le Panda se nourrit énormément et son appétit est insatiable, son ardeur à y parvenir est stupéfiante. Mais son poids est aussi son pire obstacle. Ici, pour la Chine, le poids, c’est sa population. La démographie (les masses dans l’orthodoxie du PCC) est une politique qui détermine ainsi tous les impératifs depuis la révolution de 1949. Elle continuera de guider les pas du géant asiatique.
Et pour conclure, ce papier que je lis dans Time, suite aux recommandation de cet éminent co-listier du NBR forum Rodney E. Armstrong qui écrit: “It is puzzling that the American introduction into East Asia last June of at least two giant Ohio class submarines, each capable of firing volleys of 154 Tomahawk conventional-warhead missiles over ranges up to 1000 miles, has not been widely publicized in Japan or East Asia.”
Joel Legendre-Koizumi